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Interprétation linguistique des audiences – Fiche-conseil

1. En bref

Le Processus d’évaluation indépendant (PEI) prévoit que tous les participants et les témoins doivent témoigner sous serment, par affirmation solennelle ou d’une autre façon qui engage leur conscience, et que le Secrétariat doit constituer une liste d’interprètes approuvés (par. III(i)(i) et III(t)(iii), p. 13 et 18).

Les conseils suivants s’appliquent à tout demandeur ou témoin participant à une audience du PEI.

Le recours à un interprète permet aux demandeurs d’avoir une compréhension linguistique du déroulement des audiences et de s’y faire comprendre, dans un climat de sensibilité à l’impact dévastateur que les pensionnats ont exercé sur les langues autochtones. L’aide d’un interprète peut être demandée par le demandeur ou par son avocat, ou encore s’il devient apparent que le demandeur a de la difficulté à s’exprimer ou à comprendre les délibérations, pour des raisons linguistiques.

Le niveau d’aide apporté par l’interprète varie selon le degré auquel le demandeur comprend la langue de l’audience. Un demandeur qui a une certaine aisance dans la langue de l’audience, et qui même s’y débrouille assez bien dans la vie de tous les jours, peut malgré tout avoir besoin de l’aide d’un interprète pour certains mots ou certaines expressions, et spécialement pour les mots ou expressions non employés dans le cadre des interactions sociales courantes. La norme d’adéquation, en ce qui concerne l’aide apportée par l’interprète, est la capacité pour le demandeur de comprendre et de se faire comprendre comme s’il maîtrisait la langue de l’audience.

Lors des audiences du PEI, l’aide de l’interprète prend la forme d’une interprétation consécutive courte au niveau de la phrase. L’interprète doit être à l’aise aussi bien dans la langue de départ que dans la langue d’arrivée. Il doit être compétent (avoir la connaissance et la capacité nécessaires à l’exercice de son rôle). Il doit prêter le serment de l’interprète (ou l’affirmation solennelle). Il doit être impartial, et il doit soutenir et faciliter l’audience par ses services d’interprétation linguistique et non en prônant les intérêts du demandeur ou d’autres participants à l’audience, quelles que soient ses relations personnelles avec ces personnes. (Voir le Code de déontologie des interprètes du PEI.)

Le recours à un interprète doit être organisé par le truchement du Secrétariat. Le demandeur ou son avocat ne peut lui-même choisir un interprète, et les services d’interprétariat ne peuvent être fournis par un membre de la famille ou un ami du demandeur.

2. Conseils

  • Prévoyez qu’une audience avec interprète durera plus longtemps, en raison du temps nécessaire pour communiquer l’information par l’entremise de l’interprète.
  • Avant le début de l’audience, prenez le temps de mettre le demandeur à l’aise. Pendant 10 à 15 minutes, au besoin avec l’aide de l’interprète, discutez de façon informelle avec le demandeur pour lui expliquer le déroulement de l’audience et le rôle de l’interprète. Confirmez que le demandeur et l’interprète parlent la même langue (et le même dialecte s’il y a lieu).
  • Avant le début de l’audience, entretenez-vous également avec l’interprète. Confirmez qu’il comprend son rôle, notamment qu’il ne doit avoir eu jusque-là, avec le demandeur ou tout autre participant à l’audience, aucune relation ou aucun contact qui crée un conflit d’intérêts ou une apparence de partialité pour l’interprète. Ce dernier doit interpréter le plus fidèlement possible chaque détail des échanges entre l’adjudicateur et le demandeur, en parlant à la même personne que le locuteur, c’est-à-dire en utilisant le pronom « je » lorsque le locuteur parle de lui-même (interprétation directe). L’interprète doit offrir son aide à la demande du demandeur ou de l’adjudicateur. Il doit suivre les directives de l’adjudicateur. Au besoin, il demande une clarification, une répétition ou une reformulation des propos tenus, ou il demande plus de temps pour communiquer l’information, en levant la main ou en intervenant oralement pour interrompre les délibérations.
  • Au début de l’audience, l’interprète occupe un siège à côté du demandeur. L’adjudicateur fait face au demandeur (et non à l’interprète).
  • Assermentez l’interprète avant que celui-ci n’aide le demandeur à prêter serment et à signer l’entente de confidentialité. Faites inscrire au dossier que la compétence de l’interprète a été examinée, et confirmez toute instruction ou directive particulière ayant été donnée.

Serment (affirmation) de l’interprète :

Est-ce que vous jurez (affirmez) solennellement que vous avez une connaissance de travail à la fois de (langue autochtone ou langage des signes) et de la langue anglaise/française et que vous interpréterez fidèlement, et au meilleur de vos connaissances et de vos capacités, le serment (l’affirmation) du témoin ainsi que toutes les questions posées et les réponses données (que Dieu vous soit en aide).

  • Parlez avec un débit modéré et faites des pauses pour laisser le temps à l’interprétation.
  • Évitez les termes techniques et excessivement juridiques.
  • Évitez les phrases longues et complexes.
  • Soyez clair et direct dans vos questions.
  • Faites une pause à toutes les deux ou trois phrases pour laisser le temps à l’interprétation.
  • Prévoyez du temps pour permettre la clarification de certains mots ou de certaines questions.
  • Soyez conscient du ton de votre voix, de votre expression faciale et de votre langage corporel.
  • L’interprète est tenu de vous informer :
    • si le demandeur est en état de détresse, de traumatisme ou de fatigue, s’il a de la difficulté à comprendre. à répondre ou à entendre;
    • si lui-même (l’interprète) subit, à l’écoute des témoignages, un état de détresse ou de traumatisme qui l’empêche de poursuivre son travail;
    • des particularités culturelles associées aux sujets abordés ou encore aux gestes faits ou aux mots employés par le demandeur;
    • des actions que lui-même (l’interprète) effectue durant l’audience, y compris parler en son propre nom, qui débordent le cadre de l’interprétation directe.
  • L’interprète peut prendre des notes qui l’aideront à retenir et à communiquer l’information. Au terme de l’audience, il doit remettre ces notes à l’adjudicateur, qui les détruira; elles ne font pas partie du dossier du demandeur.